Théâtre d'ombres et Peter Pan

Publié le par Patrick Bléron

J'ai demandé à mon vieux compère Hervé de se pencher sur le théâtre d'ombres qui doit intervenir en scène 43, dans la partie finale du spectacle. A ce moment, Dracula retourne dans son pays, poursuivi par  Van Helsing, Jonathan Harker et les trois prétendants. La narration est assurée en voix off par Mina. La suite des événements : la fuite en bateau, le voyage des poursuivants par l'Orient-Express, la remontée de la Bistritza jusqu'au château du comte, se verront  ainsi figurés par une série de silhouettes dont je pense qu'elles seront manipulées par les enfants (un stage de théâtre d'ombres devant être organisé pendant la période de répétitions).
Hervé m'a montré les premières ébauches de silhouettes : un Dracula bien dentu et un voilier de belle facture. La question se pose maintenant du rapport au public, de l'emplacement du théâtre qui va commander la taille des cartons. Un story-board doit être écrit, articulant ceux-ci avec la voix off de Mina, la musique et les bruitages éventuels, tâche à laquelle je me suis attelé ce matin. Mon principal souci est d'éviter la redondance entre texte et image, l'ombre ne devrait pas être purement illustrative : elle doit apporter une information complémentaire, porter un sens supplémentaire, susciter une atmosphère ou engendrer ironie ou humour.
Une source d'inspiration est évidemment les films muets en noir et blanc, et en tout premier lieu bien sûr, Nosferatu.
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Une autre scène demande un traitement particulier. Il s'agit de la scène 23, qui se déroule à Londres. C'est l'une des deux "scènes de foule" du spectacle (je mets ces mots entre guillemets car je ne dispose pas à proprement parler d'une foule. Les enfants et les résidents de Puydauzon forment la plus grande partie de la soi-disant foule, il devient de plus en plus difficile de mobiliser des adultes en dehors des rôles principaux).
Je veux évoquer le Londres populaire au tournant du XIX et du XXème siècle. Cela passera par une série d'entrevisions fugaces avant de passer à une scène d'ensemble puis à une nouvelle focalisation sur le cinématographe, séance publique, foraine à laquelle notre Dracula va assister.
J'ai trouvé dans la bande dessinée de Loisel, Peter Pan, plus précisément le tome 1, Londres, des éléments de décor tout à fait intéressants. L'action est placée en hiver 1887, dix ans donc seulement avant la sortie de Dracula. La saison ne correspond pas, mais la misère, la prostitution, l'alcoolisme sont rendus avec force. Peter Pan est ce petit garçon qui refuse le monde sordide des grandes personnes. Bram Stoker n'évoque guère, et même pas du tout, ce versant de la société de son temps, à l'inverse d'un Charles Dickens : "
Pour atteindre ce lieu, le visiteur doit passer par un dédale de rues sans air, étroites et boueuses, où se pressent les plus grossiers et les plus pauvres des riverains et dont le commerce est consacré à tout ce qui est censé convenir à pareille population. Dans les boutiques s'entassent les comestibles les moins coûteux et les moins délicats ; les articles d'habillement les plus rudes et les plus communs se balancent à la porte du marchand ou ruissellent par les fenêtres et le parapet de sa maison.” (in Oliver Twist). Il m'intéresse beaucoup de développer le contraste entre les bas-fonds et les salons rupins de la famille Westenra.

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Publié dans Bande dessinée

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